Les classes Orchestres

La pratique instrumentale au sein de l’école

Dans notre pratique de musicien.nes intervenant.es, nous sommes parfois amené.es à côtoyer, de près ou de loin, des classes orchestre. Ce sont tout simplement des élèves qui, sur leur temps scolaire, pratiquent un instrument de musique, avec un.e professeur d’instrument ou un.e musicien.ne intervenant.e.

Monter un tel projet au sein d’une école est souvent une expérience extraordinaire très valorisante pour les élèves, aussi bien sur le plan instrumental que pédagogique. Mais cela implique également des moyens techniques importants. Bien souvent, les classes orchestres sont accompagnées par des dispositifs tels que l’association OAE (Orchestre à l’École) ou encore le dispositif DEMOS (programme de la Philharmonie de Paris). Par exemple, l’association OAE accompagne la constitution des parcs instrumentaux en finançant des instruments qui seront confiés aux élèves pendant leur cycle d’orchestre (2 ou 3 ans).

A quoi ressemble une classe orchestre ?

Au cours de leur semaine, les élèves d’une classe orchestre ont environ deux heures de pratique instrumentale. Le plus souvent, le découpage de ces deux heures propose 1h de pratique en petits groupes de même instrument (répétition en pupitre) et une heure de répétition d’ensemble (tutti).

Tout au long de l’année, les restitutions régulières devant les parents ou les autres élèves de l’école permettent de maintenir un haut niveau de motivation pour les nouveaux instrumentistes et encouragent leurs progrès.

Les projets de classes orchestre sont très variés. Ainsi, il peut y avoir des projets avec uniquement des instruments à cordes, des cuivres, des bois, voire même des percussions. Tout dépend des instruments pratiqués et des spécialités des personnes en charge du projet. On verra tout autant un orchestre composé de quinze harpes et de quinze flûtes, qu’un orchestre à cordes avec des violons, altos, violoncelles et contrebasses. Souvent, un cycle de classe orchestre démarre en CE2 et s’arrête à la fin du CM2, formant une cohorte d’élèves sur trois années consécutives.

Comment apprend-on à jouer d’un instrument en orchestre ?

Les méthodes d’apprentissage ne sont pas imposées aux professeurs d’instruments. Bien sûr, il s’agit d’employer une pédagogie de groupe afin de s’adresser à tous.tes, de créer des échanges interindividuels et de la coopération entre les élèves et les professeurs. Les particularités de chaque élèves amènent parfois pendant la séance une attention particulière, dans un rapport plus individuel.

Chaque pédagogue a ses méthodes : jouer assis, debout, en marchant, incorporer de la danse, lire les notes, détourner les instruments en corps sonores, dessiner l’instrument, inventer des paysages sonores, apprendre des morceaux, chanter, explorer l’improvisation, sont autant de portes d’entrées pour appréhender un nouvel instrument, bien connues des musicien.nes intervenant.es.

Lors des réunions en tutti, il s’agit au début d’acquérir des compétences de savoir-être (s’asseoir au bord de la chaise, ranger la housse de l’instrument, s’arrêter de jouer, regarder le.a chef.fe d’orchestre, écouter les autres, jouer à son tour). Les compétences théoriques et de savoir-faire s’acquièrent davantage pendant les cours en pupitres. On apprend à nommer les parties de l’instrument, à parler de la musique et à qualifier le geste instrumental.

La proximité avec les professeurs intervenant dans ces dispositifs maintient une admiration de la part des élèves. En effet, ils côtoient chaque semaine un.e pédagogue et instrumentiste de haut niveau qui joue à merveille de son instrument et montre un exemple motivant, tant dans la posture d’artiste que dans la virtuosité.

Quels sont les avantages d’un tel projet ?

Là où s’installe une classe orchestre, les élèves développent d’autres instruments que la voix. On peut travailler pédagogiquement et musicalement dans la direction d’une complémentarité avec la voix : on peut voir une batucada chanter, ou les élèves de la classe orchestres accompagner d’autres classes sur des chansons qu’il savent eux-même chanter.

Cela permet aussi de varier l’approche de la pratique musicale, jouer assis, se déplacer au conservatoire, dans la rue, dans l’école ou ailleurs, responsabiliser les élèves et d’accéder à d’autre formes d’expression. Le classe, en tant que groupe cohérent et autonome, en sort renforcée, et certains enfants peuvent continuer, après leurs années d’orchestre en classe, vers une pratique musicale qui leur aurait été difficile d’accès autrement.

C’est aussi une occasion pour les intervenant.es de varier le type de travail et de musique possibles au sein de leur interventions, et de croiser différentes méthodes pédagogiques.

C’est également une expérience enrichissante pour les professeurs des écoles, qui voient leurs élèves sous un autre jour et découvrent parfois des compétences artistiques insoupçonnées.

Les conditions à la réussite d’une classe orchestre

Pour mettre en place un projet aussi ambitieux et le voir réussir, le seul accompagnement financier ne suffit pas. Le cadre mis en place par l’école, en partenariat avec les familles et les structures employant les professeurs d’instruments est la condition sine qua non de son bon déroulement.

Dans certains établissements, l’équipe met au point une charte des bonnes pratiques à destination de l’élève et de sa famille, qui s’engage à permettre l’entraînement à l’instrument dans de bonnes conditions (fournir l’assurance qui permet le prêt gratuit de l’instrument, offrir un espace d’écoute à la maison, valoriser les progrès, prendre soin de l’instrument, accompagner l’enfant aux représentations hors temps scolaire…). Les activités réalisées pendant les séances d’orchestre sont reprises par l’enseignant.e dans sa classe, les éventuels devoirs sont notés dans le cahier de texte, il y a un lutin ou un classeur de musique contenant tous les documents en lien avec l’orchestre : la pratique instrumentale s’inscrit dans la vie de la classe au même titre que les autres matières.

Enfin, la communication entre les différentes parties est primordiale : les professeurs d’instruments auront davantage d’impact auprès des familles en étant présent.es aux réunions de rentrée, en communiquant sur les concerts, ou en écrivant des appréciations individuelles sur le livret de l’élève. De même, il est important que l’école soit au courant de ce qu’il se passe en cours d’instrument, afin de gérer à une échelle plus grande d’éventuels problèmes de discipline, d’organiser des temps de restitution, d’accompagner et de communiquer avec les familles.

Bastien Ragot, Cécile Boutaud

Pour aller plus loin :

Auteur de l’article : Webmaster Fnami

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